LE CAUCASE 279 collines jusqu'à la plage; seulement, au fur et à mesure qu'elles descendent, elles s'européanisent. Au haut de la ville, on est dans un aoul tatar. Au bas de la ville, on est dans une caserne russe. Vue de la plage, la ville présente l'aspect d'un carré long qui ressemble à un tapis déroulé fléchissant par le milieu; du côté méridional, la muraille présente une espèce de renflement, comme si, la ville ayant fait un effort, l'enceinte avait cédé. Partout où la muraille est restée intacte, on reconnaît la construction pélasgique; aux endroits où elle s'est écroulée, elle a été rebâtie en pierres ordinaires et selon les règles de la maçonnerie moderne. Cependant, je doute que les murailles remontent aux Pélasges; si j'osais émettre une opinion en si délicate matière, je dirais que Khosrou le Grand, que nous ap- pelons Chosroès, la fortifia, d'après les traditions pélas- giques, vers 562, dans ses guerres contre Justinien. La porte du Sud serait une preuve, selon moi, à l'ap- pui de cette opinion; elle est surmontée du fameux lion persan que le fils de Kobad avait pris pour emblème, et qui, parmi toutes les différentes races de lions qu'ont inventées les sculpteurs, présente cette spécialité d'avoir la tête faite comme un grelot. Au dessous du lion est une inscription en vieux per- san, que personne ne peut lire parmi les Persans mo- dernes. Bagration m'a promis d'en faire prendre l'em- preinte, et je lui ai promis, moi, de lui en faire faire une traduction par mon savant ami Saulcy. La nuit seule nous fit rentrer dans notre maison ou plutôt dans notre palais. Et nous adressâmes nos prières