278 IMPRESSIONS DE VOYAGE Un des trois, celui qui est placé derrière la petite ca- bane, est resté monté sur un affût du temps. C'est encore une des stations de cet homme de génie consacrée par la reconnaissance des peuples. Les Russes ont.cela d'admirable que cent cinquante ans écoulés de- puis la mort de Pierre n'ont rien enlevé à la vénération qu'ils portent à sa mémoire. Son désespoir était de trouver une mer, un littoral et pas de port. Derbend n'a pas même de rade; on aborde par un chenal de quinze pieds de large. Excepté dans cette ouverture, la mer brise partout sur des roches. Souvent, quand elle est un peu grosse, les hommes sont obligés de se jeter à l'eau pour diriger leurs barques à travers cette étroite passe; cette eau monte seule- ment jusqu'au-dessus de la ceinture. Une espèce de jetée, que la mer inonde au moindre mouvement de ses vagues, s'étend à une cinquantaine de pas en mer. Elle sert à s'embarquer en dehors de cette ligne de brisants. Le mur qui défend la ville du côté du midi s'étend le long de cette jetée, qu'il abandonne bientôt, la laissant se projeter seule dans la mer; pour qu'il offre moins de résistance aux vagues, il est ouvert à la base comme par d'énormes meurtrières; par ces meurtrières, l'eau, dans les gros temps, peut entrer et sortir; nous ne par- lons pas du flux et du reflux, la Caspienne n'ayant pas de marée, Du rivage de la mer, on voit admirablement toute la ville qui s'étend en amphithéâtre; c'est une cascade de maisons qui descend du haut de la première chaîne de