LE CAUCASE 265 Sous nos pieds, sur la rive droite du Koa-Sou d'Avarie, on apercevait, comme un point, Guimry, lieu de nais- sance de Schamyl, avec ses magnifiques vergers dont une seule fois les Russes ont mangé les fruits. Ce fut, on se le rappelle, en défendant ce village que Kasi-Moullah fut tué, et que, pour la première fois, Schamyl apparut. De l'autre côté du Koa-Sou d'Avarie, sur un plateau assez élevé, vient pour ainsi dire au-devant de vous le village d'Ounzoukan, dont chaque maison est fortifiée et qui est entouré d'une muraille de pierre. A l'horizon, les ruines d'Akoulgo sont visibles encore, quoique le village soit complétement abandonné. C'est dans ce village que fut pris le jeune Djemil-Edden, dont nous raconterons l'histoire, laquelle entraînera celle de l'enlèvement des princesses géorgiennes. A gauche, à peine visible, s'élève le village de Kuntsack. Au delà, au fond d'une vallée, à la source du Koa-Sou d'Avarie, apparaît un point presque imperceptible: c'est le village de Kabada, où se retirera, selon toute proba- bilité, Schamyl, s'il est forcé dans Veden. A droite de Kabada et en suivant le Koa-Sou d'Andi', on voit, à travers une étroite ouverture, une gorge bleuâtre où tous les objets se confondent dans la va- peur c'est le pays des Touschines, peuplade chrétienne alliée à la Russie et en guerre éternelle avec Schamyl. Quelques fumées qui montent çà et là indiquent des villages invisibles et dont je demandai inutilement les noms. Nulle part, comme du sommet du Karanay, on no peut voir ce prodigieux bouleversement, cette dévasta- tion inouïe que présente la chaîne du Caucase. Aucun