264 IMPRESSIONS DE VOYAGE nouvelle se présentait, qu'il fallait escalader comme les autres. - Cependant, jusqu'aux ruines d'un immense village dé- truit en 1842 par les Russes, nous avions suivi un sen- tier à peu près frayé. A peine s'il restait un ou deux pans de mur par maison; un minaret à moitié ruiné s'of- frait sous un aspect des plus pittoresques. A partir de là, plus de sentier, mais cette même succession de collines. Enfin, nous arrivâmes à la dernière. Là, par un mou- vement machinal, chacun tira son cheval en arrière. La terre semblait manquer sous les pieds; le roc était coupé à pic, à sept mille pieds de hauteur. Je sautai à bas de mon cheval. Accessible au ver- tige comme je le suis, j'avais besoin de sentir la terre sous mes pieds. Ce ne fut pas assez; je me couchai à plat ventre et mis mes mains sur mes yeux. Il faut avoir éprouvé cette inexplicable folie du ver- tige, pour avoir une idée de ce que l'on souffre quand on en est pris. Le frissonnement nerveux qui m'agitait semblait se communiquer à la terre. Je la sentais vivre, remuer, palpiter sous moi c'était mon cœur qui battait. Enfin, je relevai la tête; il me fallut un violent effort sur moi-même pour regarder dans le gouffre. D'abord, les détails m'échappèrent; je ne vis qu'une vallée s'étendant à perte de vue et au fond de laquelle deux filets d'argent serpentaient. Cette vallée, c'était l'Avarie tout entière; ces deux filets d'argent, c'étaient le Koa-Sou d'Andi et le Koa-Sou d'Avarie, dont la réunion forme le Sou-Lak.