260 IMPRESSIONS DE VOYAGE en armes, m'avait apportée, la veille de mon départ, avec un revolver. - Vous allez au Caucase? m'avait-il dit J'avais répondu affirmativement. - - C'est un pays où l'on ne va pas sans faire le coup de fusil. Vous aimez les bonnes armes; prenez-moi cela. Et il m'avait fait cadeau, comme je l'ai dit, d'une cara- bine à balle explosible et d'un revolver. Je pris ma carabine, et je la donnai au prince, en lui en expliquant le mécanisme. Il avait fort entendu parler de cette nouvelle invention, mais il ne la connaissait pas. - - Bon! dit-il en examinant l'arme, nous sommes kounacks maintenant, comme on dit au Caucase. Vous n'avez plus le droit de rien me refuser, et, comme je suis évidemment votre débiteur, vous me laisserez apu- rer mes comptes. On annonça que les chevaux étaient attelés. L'hien. -- chik du prince restait, comme la chose était convenue, pour garder nos effets. Nous montâmes dans la tarentasse, dont l'attelage partit au grand galop. - Diable! il paraît que vous êtes connu, prince! - Je crois bien! je suis toujours sur la route de Choura à Derbend. En effet, le prince était connu de tout le monde, même des petits enfants. A Karboudaken, pendant qu'on re- layait, il interpella deux ou trois de ces derniers en ta- tar, et, en partant, il leur jeta une poignée d'abasas (1). (1) Monnaie tatare correspondant à nos pièces de vingt sous.