254 IMPRESSIONS DE VOYAGE - Pas de fusils! à la schaska et au kandjar Et, avant que les montagnards qui se reposaient dans le ravin eussent eu le temps de remonter à cheval, les miliciens tombèrent sur eux, et un combat corps à corps s'engagea. A partir de ce moment, Iman-Gasalief, qui travaillait pour son compte, n'avait pas vu ce qui se passait autour de lui. Il avait, l'un après l'autre, attaqué deux hommes corps à corps, et les avait tués tous les deux. Mais la lutte avait dû être terrible; car, lorsqu'il re- garda autour de lui, il compta treize morts, et ses deux qui faisaient quinze. Les autres étaient en fuite. Tout s'était passé, comme il l'avait ordonné, à l'arme blanche. Les miliciens n'avaient pas tiré un seul coup de fusil. Il nous faisait ce récit en russe. Kalino nous le tradui- sait au fur et à mesure en français. Pendant le récit, nous avions fait du chemin. Une large flaque de sang nous indiqua que nous étions ar- rivés sur le champ de bataille. A notre droite, dans un pli de terrain, étaient les ca- davres, nus, ou à peu près. Cinq étaient décapités; à tous ceux à qui restait la tête manquait l'oreille droite. Il était terrible de voir les blessures faites par les kandjars. Une balle fait son trou et tue: une plaie à fourrer le petit doigt, un cercle bleu à l'entour, et tout est dit. Mais les blessures du kandjar sont de véritables éven- trements; il y avait des crânes complétement ouverts, 1 1 1 1