LE CAUCASE 253 mort. L'un d'eux avait un magnifique fusil; je n'osai pas lui demander s'il voulait le vendre, quelque envie que j'eusse de le posséder (1). La troupe continua son chemin vers l'aoul. J'autorisai le commandant de la centaine à disposer de nos deux voitures, s'il en avait besoin pour ses blessés ou même pour ses morts. Il transmit l'autorisation à ses hommes. Puis nous nous tournâmes le dos, les combattants retournant au village, nous continuant notre route jusqu'au champ de bataille. Voici ce que Mahomet Iman-Gasalief nous raconta : Après avoir réuni ses cent hommes, il avait pris avec eux le chemin de Guilley, guidé par les pâtres. Près de Guilley, il avait trouvé les troupeaux que les monta gnards avaient abandonnés pour aller plus vite. Il avait laissé les pâtres réunir leurs troupeaux, et avait cherché les traces des montagnards. Il n'avait pas tardé à les trouver. On fit trois verstes, guidé par deux hommes experts dans l'art de suivre les pistes. On arriva ainsi au ravin de Zilly-Kaka, couvert en ce moment d'un épais brouillard. Tout à coup, au fond du ravin, on crut voir s'agiter des hommes, et, en même temps, une grêle de balles siffla au milieu des miliciens. De cette première dé- charge, un homme et deux chevaux tombèrent. Iman-Gasalief cria alors : (1) J'ai ce fusil en ma possession; je dirai plus tard com- ment il me fut donné. I. 15