LE CAUCASE 249 bonne volonté pour l'accompagner les cent hommes s'étaient présentés. Il y avait déjà trois heures qu'il était parti; il était près de midi, et l'on venait de voir une grande fumée s'élever du côté du ravin de Zilly-Kaka, situé à deux lieues, à peu près, de la ville, à droite de la route de Karabadakent. C'était notre chemin; c'était justement à Karabadakent que nous allions. Nous relayâmes avec la plus grande rapidité possible. Quant à notre escorte, douze hommes étaient prêts avant que nous les eussions demandés. Nous en aurions eu cinquante si nous l'avions voulu; nous aurions eu tout le village, femmes et enfants. Les femmes, surtout, étaient d'une incroyable anima- tion. C'étaient des gestes d'une sauvagerie, des cris d'une férocité dont on n'a pas l'idée. Des enfants à qui, chez nous, on ne laisserait pas un couteau entre les mains de peur qu'ils ne vinssent à se blesser, tenaient des kandjars nus, et semblaient prêts à faire le coup de poignard. Nous partimes au grand galop, au milieu des hurle- ments de ce troupeau d'hyènes. En sortant d'Helly, nous découvrîmes parfaitement toute la plaine et toute la chaîne de montagnes dans laquelle s'accomplissait l'événement. Il nous semblait voir s'agiter avec une grande rapidité des êtres quel- conques. Mais, à la distance où nous étions d'eux, il était impossible de distinguer si c'étaient des hommes ou des animaux, une bande de cavaliers ou un troupeau de boeufs ou de moutons.