LE CAUCASE 247 on fit une visite générale des armes, et nous partîmes. Au bout d'une heure et demie de marche, dans les restes d'un brouillard épais qui allait se dissipant de plus en plus, nous fimes arrêter la voiture à un quart d'heure du village d'Helly. C'était le pendant de l'aoul du champkal Tarkovsky. Tout le premier plan, c'est-à-dire celui sur lequel nous nous trouvions, était un charmant bocage, formé d'ar- bres magnifiques, entre les troncs desquels coulait un véritable ruisseau d'idylle, la Voulzie du pauvre Hé- gésippe Moreau. - Pendant les chaudes journées d'été, toute cette portion de paysage devait faire une adorable oasis. Plus loin, sous un rayon de soleil filtrant entre deux masses de vapeur encore mal dissipée, apparaissait le village d'Helly, magnifique aoul tatar, situé sur une haute colline, entre deux montagnes plus hautes encore, et dont les bases étaient séparées de la sienne par deux charmantes vallées. Le village, que nous découvrions parfaitement par sa situation en amphithéâtre, paraissait être dans une grande agitation. La plate-forme d'un minaret qui do- minait l'aoul, le sommet de la montagne qui dominait le minaret, étaient couverts d'une foule de gens qui fai- saient des signaux les uns aux autres et qui tous sem- blaient avoir les yeux fixés sur le même point. Nous nous arrêtâmes dix minutes pour que Moynet pût faire un croquis, Le croquis fini, nous reprimes au grand trot le chemin d'Helly; il était évident qu'il s'y passait quelque chose d'extraordinaire, et nous avions hâte de savoir ce que c'était que ce quelque chose.