246 IMPRESSIONS DE VOYAGE de dire que, pendant la nuit, Victor-Ivanovitch nous avait rejoints avec les bagages. Vers dix heures, le brouillard s'était levé, et il faisait un temps magnifique. Cette neige, qui avait donné la fièvre à Moynet, avait disparu comme sa fièvre. Il fai- sait un splendide soleil, et, quoique nous fussions à la fin d'octobre et sur le versant septentrional du Caucase. ou se sentait pénétré d'une bienfaisante chaleur, Vers midi, nous arrivâmes à Paraoul, simple station de poste, à laquelle il ne manquait qu'une chose des chevaux. Nous ne nous en rapportâmes naturellement pas au smatritel. Nous allâmes voir dans les écuries: elles étaient vides. Il n'y avait rien à dire. Seulement, c'était dur de ne faire que vingt verstes dans la journée. On tira les plumes, le papier et l'encre dù nécessaire; on tira les crayons et le bristol du carton, et l'on se mit à travailler. C'était notre grande ressource dans les contre-temps de cette espèce. Pendant la nuit, des chevaux rentrèrent, mais deux troïkas seulement. Force fut encore à notre pauvre Victor-Ivanovitch de rester en arrière. Nous partîmes à dix heures du matin seulement : il y avait eu pendant la nuit une alerte dont nous n'avions rien su. Deux hommes s'étaient présentés à la porte du village en disant qu'ils venaient de s'échapper des mains des Lesghiens. Mais, comme les Lesghiens emploient souvent ces sortes de ruses pour pénétrer dans les aouls, on les avait menacés de tirer sur eux, et ils s'étaient éloi gnés. - On nous donna une escorte de dix hommes; - 1