LE CAUCASE 245 Le soir vint sans fièvre, la nuit se passa sans fièvre, et le matin à son tour revint sans fièvre. Je m'étais informé s'il y avait quelque chose à voir à Temirkhan - Choura, et l'on m'avait répondu que non. En effet, Temirkhan-Choura, ou, comme on dit par abréviation, Choura, est une création moderne. C'était la station du régiment de l'Apcheron. Le prince Argoulensky, voyant la position de cette station au milieu des peuplades insoumises et guerrières, en fit le quartier général du Daghestan. Ce quartier général, au moment de notre passage, était commandé par le baron Vrangel. Par malheur, le baron Vrangel était à Tiflis. Choura fut bloquée par Schamyl; mais elle fut secou- rue par le général Scrolof, et Schamyl fut contraint de lever le siége. Une nuit, Hadji-Mourad fit irruption dans ses rues, mais l'alarme fut donnée à temps, et Hadji-Mourad, re- poussé, rentra dans ses montagnes. La tradition prétend que l'emplacement où est au- jourd'hui Choura était autrefois un lac. Le lendemain de notre arrivée, rien n'était plus croya- ble que la tradition : la ville tout entière n'était litté- ralement qu'une immense flaque d'eau. Du moment qu'il n'y avait rien à voir à Choura, et que la fièvre de Moynet était passée, il ne nous restait qu'à prendre congé de notre hôte, à remercier le docteur, à serrer la quinine pour une autre occasion et à partir. Nous fimes demander des chevaux et une escorte, et, vers les neuf heures du matin, nous partimes. J'oubliais 14.