LE CAUCASE 243 Moynet se réchauffa. A mesure qu'il se réchauffait, l'artiste reprenait le dessus. - C'était fièrement beau, dites donc, votre aoul! N'est-ce pas? - Comment appelez-vous donc ce monsieur qui nous regardait du seuil de sa porte? - Le champkal Tarkovsky. - Il est bien logé. Kalino, passez-moi donc le carton. Kalino lui passa le carton. - Il faut que je me dépêche de faire un dessin de son pigeonnier avant que la fièvre me prenne. Et il se mit à dessiner. Et, tout en dessinant, il disait : - Je la sens, la maudite fièvre! La voilà qui vient... Pourvu qu'elle me laisse le temps de finir mon dessin. Et le dessin, comme par magie, apparaissait sur le papier, plus vrai, plus grand, plus majestueux que s'il eût été fait d'après nature. De temps en temps, le dessinateur se tâtait le pouls. - C'est égal, disait-il, je crois que j'aurai fini; mais il sera temps, je vous en réponds! Est-ce qu'il y a un médecin dans votre ville? - On est allé le chercher. Pourvu que la quinine ne soit pas restée dans la télègue. - tasse. - Soyez tranquille, la quinine était dans la taren- Ma foi, le voilà fini tout de même, et ce ne sera pas le plus mauvais encore. Allons, il vaut la peine qu'on le signe, Etil signa: Moynet.