LE CAUCASE 241 efforts n'avaient pas fait avancer d'un pas la tarentasse. Il me vint une idée. - Kalino, demandez à combien nous sommes de Temirkhan-Choura. Ma question fut transmise à l'hiemchik. - A deux verstes, répondit-il. Eh! vite un Cosaque, au galop à la poste de Temir- khan-Choura avec notre padarojné, et qu'il ramène cinq chevaux. L'idée était si simple, que chacun s'étonna de ne pas y avoir pensé. L'oeuf de Christophe Colomb, toujours! Notre Cosaque partit au galop. Bon gré mal gré, il fallait l'attendre. Pendant une éclaircie, je suppliai Moynet de regarder cet aoul merveilleux. - Ne voulez-vous pas que j'en fasse un dessin, de votre aoul? me dit-il. Je ne me sens pas les doigts! vous feriez plutôt ramasser une aiguille à un homard, que de me faire tenir un crayon. Il n'y avait rien à dire à cela. La comparaison, qui ne laissait rien à désirer sous le rapport du pittoresque, ne laissait rien à espérer non plus sous le rapport de l'exécution. Cependant, Moynet regardait, tout en disant : - Je sais bien que c'est dommage... Sacredieu! que cela doit être beau quand c'est éclairé! C'est un crâne pays que le Caucase, si la neige n'était pas si froide, et les chemins si mauvais... Brrrou! En effet, au milieu d'une mer de maisons, dont chaque maison faisait une vague, s'élevait un rocher 1. 44