238 IMPRESSIONS DE VOYAGF dans les nécessaires; chacun brossa son voisin, et la couleur primitive des vêtements reparut. On réveilla les Cosaques, on réveilla l'hiemchik, on attela et l'on partit sans que personne parût s'aperce- voir que le coq avait fait une mauvaise rencontre et que l'horloge n'avait pas sonné de la nuit. Le temps était toujours brumeux; il tombait une pluie fine qui menaçait de se convertir en neige; je m'enveloppai la tête dans mon bachlik, en recomman- dant bien que l'on ne me réveillât qu'à la prochaine poste, ou si nous étions attaqués par les Tchetchens. Je dormais depuis deux heures, à peu près, quand on m'éveilla; comme la tarentasse était arrêtée, je crus que nous étions arrivés à la station. - Eh bien, dis-je, il faut acheter un coq et quatre poules et les donner à ces braves gens-là, en échange du coq que nous leur avons mangé. Ah! oui, dit Moynet, il s'agit bien de coq! il s'agit bien de poules! - Ah! ah! fis-je, les Lesghiens? Si ce n'était que cela ! - Qu'y-a-t-il donc ? - Vous le voyez bien, ce qu'il y a. Nous sommes embourbés. En effet, notre tarentasse était entrée dans la glaise jusqu'au moyeu. Il faisait, en outre, une pluie battante. Moynet, qui n'avait pas peur des Lesghiens, avait une peur effroyable de la pluie. Il avait été, à la suite de refroidissement, pris deux fois de la fièvre : une fois à Saint Pétersbourg, et une fois à Moscou, et, quoique