LE CAUCASE 235 Sacristi! Vilaine opération! je ne m'en charge pas, dis-je; avec mon fusil, je tuerai tout ce que vous vou- drez; mais, avec un couteau ou avec les mains, non. - - C'est exactement comme moi, dit Moynet. Voilà la bête; qu'on en fasse ce qu'on voudra. On m'a demandé un coq; voilà le coq demandé. Et il jeta l'animal à terre. - Ah çà! lui dis-je, il est magnétisé votre coq. Kalino le poussa du pied, le coq étendit les ailes, al- longea le cou; mais ce double mouvement était dû à l'impulsion donnée. -Oh! oh! c'est plus que du magnétisme, c'est de la catalepsie! Profitons de sa léthargie pour le plumer, il se réveillera cuit; mais alors, s'il réclame, il sera trop tard. Je le pris par les pattes. Il n'était ni endormi, ni ma- gnétisé, ni en catalepsie. Il était mort. Moynet, en lui tournant le cou, pour le lui mettre sous l'aile, avait probablement donné un tour de trop, et, au lieu de le lui tourner, il le lui avait tordu. Le procès était jugé; le coq avait tort. En un tour de main, il fut plumé, vidé, flambé. Il n'y avait pas moyen de le mettre à la poêle : nous n'avions ni beurre ni huile; pas moyen de le mettre sur le gril nous avions du feu, mais pas de braise. Nous enfonçâmes un clou dans la cheminée, nous attachâmes. une ficelle aux deux pattes du volatile, nous le suspen- dîmes au clou; et, après avoir eu le soin de mettre an- dessous de lui une de nos assiettes de fer, pour recueil- lir son jus dans le cas où il aurait du jus, nous lui im- primâmes un mouvement de rotation qui le força de