232 IMPRESSIONS DE VOYAGE XV L'AOUL DU CHAMPKAL TARKOVSKY Nous étions en sûreté; mais nous nous trouvions dans un simple poste cosaque, et il faut savoir ce que c'est, pour des gens civilisés, qu'un poste cosaque au Caucase. C'est une maison bâtie en boue et blanchie à la chaux, dans les gerçures de laquelle on trouve, l'été, pour peu qu'on se livre à une consciencieuse recherche, de ces animaux sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir, la phalange, la tarente et le scorpion. L'hiver, ces intelligents animaux, qui se trouvent trop mal logés pour une saison si rude, se retirent dans des retraites connues d'eux seuls, et où ils passent douillettement les mauvais jours pour ne reparaître qu'au printemps. L'hiver, les puces et les punaises restent seules; pen- dant quatre mois, les pauvres bêtes n'ont plus à sucer que la rude écorce des Cosaques de la ligne, ou, de temps en temps, la peau un peu moins coriace des Co- saques du Don. Les jours ou plutôt les nuits où elles tombent sur un Cosaque du Don sont leurs nuits de gala. Si elles tombent, par hasard, sur un Européen, c'est noce, c'est mardi gras, c'est fête générale. Nous leur préparions une de ces fêtes-là.