230 IMPRESSIONS DE VOYAGE bres d'aspect encore par le crépuscule et par ia pluie, semblaient nous barrer le chemin. - Demandez l'histoire de ces croix, dis-je à Kalino. Kalino appela le Cosaque et lui transmit la question. Oh! mon Dieu, l'histoire de ces croix, elle était bien simple. Vingt-cinq soldats russes venaient d'escorter une occasion. Il était midi, il faisait chaud; le soleil du Cau- case, qui donne du côté septentrional ses trente, et du côté méridional ses cinquante degrés de chaleur, frap- pait d'aplomb sur la tête des soldats et du sergent qui les conduisait. Ils trouvèrent ce charmant petit bos- quet; l'avis fut ouvert et accepté de faire un somme. On plaça une sentinelle, et les vingt-quatre soldats et le ser- gent se couchèrent à l'ombre et s'endormirent Comment la chose se passa-t-elle ? Quoiqu'elle se pas- sât en plein jour et à une demie-verste du poste, personne n'en sut rien. On trouva, vers quatre heures, vingt-cinq cadavres sans tête. Les malheureux soldats avaient été surpris par les Tchetchens; et les vingt-cinq croix que nous voyions recouvraient, en attendant qu'on leur fit un monument, les vingt-cinq cadavres décapités. Nous fimes encore cent pas, à peu près, dans la direc- tion de Temirkhan-Choura; mais sans doute la lugubre histoire trottait dans la tête du Cosaque qui nous avait donné ces détails, et de l'hiemchik qui nous conduisait ; car, sans rien nous dire, l'hiemchik arrêta la tarentasse et entra en conférence avec le Cosaque. Le résultat de la conférence fut que la route était bien