228 IMPRESSIONS DE VOYAGE Comme l'enfant grec des Orientales, il nous répondit sans hésiter : ― De la poudre et des balles. Je vidai une grande poire à poudre dans le fond de son papak, pendant que Moynet, fouillant dans le sac aux munitions, en tirait une poignée de balles. Mon kounack fut enchanté il mit la main sur son cœur, et, plus riche de deux amis qu'il ne reverra ja- mais, d'une demi-livre de poudre et de deux ou trois livres de plomb, il regagna sa maison, non sans se re- tourner deux ou trois fois pour nous faire ses adieux. Nous n'étions pas au bout de nos peines. Le smatritel venait nous dire qu'il n'avait qu'une troika dans son écurie, et il nous fallait neuf chevaux. Le bruit d'une excursion des Leşghiens s'était ré- pandu dans l'aoul; les miliciens étaient partis pour battre la campagne et avaient pris ses chevaux. Il ne savait pas quand ils reviendraient. Je proposai de déployer la tente, de faire un grand feu et d'attendre les chevaux. Mais la proposition fut repoussée à l'unanimité par Moynet, pressé d'aller en avant, par M. Troïsky, pressé d'arriver à Temirkhan-Choura, et par Kalino, toujours pressé d'arriver à une ville quelconque pour des raisons que je croirais immoral d'exposer à mes lecteurs. Victor-Ivanovitch garda seul le silence, disent qu'il ferait ce que la majorité déciderait de faire. La majorité décida de mettre la troika du smatritel à ma tarentasse. Nous partirions dans la tarentasse, Moynet, Troïsky, Kalino et moi; quant à Victor-Ivano- vitch et à son domestique arménien, celui qui faisait si