LE CAUCASE 227 - Je crois que vous avez raison, me répondit-il. Nous nous assîmes à une porte et sur un banc. - Nous venions, comme Thémistocle, nous asseoir au foyer de nos ennemis. Le Tatar auquel appartenait la maison sortit. Je lui tendis la main. - Kounack, lui dis-je. Je savais que ce mot voulait dire ami. Il hésita un instant, puis à son tour nous tendit la main en répétant : « Kounack. » Après cet échange de civilités, il n'y avait plus rien à craindre. Nous étions sous sa sauvegarde. - Postovaia stanzia ? lui demandai-je. Caracho, répliqua-t-il. Et, chassant les chiens, il marcha devant nous. Dès lors, ni chiens ni Tatars ne grondèrent plus. Nous arrivâmes à la poste. Kalino et le lieutenant y étaient venus, mais étaient partis avec le smatritel. La poste était sur ce large chemin que nous n'avions pas voulu faire monter à nos chevaux, mais que nous étions enchantés de descendre. Quoique la route fùt retrouvée, je fis signe à notre Tatar de nous suivre. Il nous suivit. Au tournant du chemin, nous aperçûmes, au fond du ravin, nos compagnons au grand complet, plus le maî- tre de poste. Nous les joignîmes. Je voulais faire un cadeau quelconque à mon kounack en échange du service qu'il nous avait rendu; je char- geai Kalino de lui demander quelle chose lui ferait plaisir.