222 IMPRESSIONS DE VOYAGE frère cadet était seulement à moitié chemin de son re- tour de la mer Caspienne. Tout à coup, ce dernier, courbé sous son sac, hale- tant, en nage, mesurant de l'œil la hauteur de la mon- tagne qu'il avait à franchir avant d'arriver au château, entend un grand bruit, comme eût été celui de cent mille chevaux se précipitant au galop vers la mer. C'était son frère qui avait fendu le rocher; c'était le bruit des flots du lac qui bondissaient de montagne en montagne. La douleur du porteur de sable fut telle, qu'il s'affaissa sous son sac. Dans sa chute, le sac creva, le sable se répandit sur lui, et, comme le titan Encélade, il de- meura enseveli sous une montagne. La définition d'un savant sera plus logique. Vaudra- t-elle celle-ci ?«< Elle vaudra mieux, » diront les savants. Elle vaudra moins, » diront les poëtes. Derrière la montagne, et à mesure que nous la dépas- sions, se dressait et grandissait devant nous Unter-Kale, aoul tatar soumis aux Russes. Pareil à Constantine, il est bâti au sommet d'une im- mense roche coupée en falaise. Un petit ruisseau presque tari, mais qui devient for- midable à la fonte des neiges et qui doit être un affluent du Soulak, roulait au pied de ce gigantesque rempart une eau limpide et bruyante : c'était l'Osen. Nous nous arrêtâmes sur une île de cailloux. Il était inutile de monter jusqu'à la poste par un chemin qui contourne l'aoul et qui a plus d'une verste de longueur. Les chevaux descendraient, viendraient nous trouver, et nous continuerions notre route pour aller coucher au