220 IMPRESSIONS DE VOYAGE puis deux autres imitèrent son exemple; puis, enfin, les trois autres nous abandonnèrent à leur tour, et, du haut d'une éminence, nous vimes les chevaux, qui avaient retrouvé leurs jambes pour rentrer à l'écurie, retourner au galop vers la forteresse. Nous en étions réduits à nos propres forces; mais nous étions sûrs de trouver un relais de chevaux et un poste de Cosaques au village d'Unter-Kale. Outre ces chevaux et ces Cosaques, nous savions que nous rencontrerions à droite, sur notre route, un phé- nomène des plus curieux. C'est dans cette plaine, où il n'y a pas un grain de sable, que se trouve une montagne de sable de six ou sept cents mètres de hauteur. Nous commencions d'apercevoir son sommet jaune d'or, se détachant sur la teinte grisâtre du paysage. A mesure que nous approchions, elle semblait sortir de terre, tandis que, de son côté, la terre s'abaissait; elle grandissait à vue d'œil, s'étendant comme une petite chaîne, servant de contre-fort aux dernières rampes du Caucase, sur une longueur de deux verstes, à peu près. Elle avait trois ou quatre sommets, dont un plus élevé que les autres. C'était celui-là qui pouvait avoir six ou sept cents mètres. Il faut, du reste, être tout près de cette montagne pour se rendre compte de sa hauteur; tant qu'elle ne cache pas elle-même le Caucase, elle semble une taupi- nière. Je descendis de voiture pour en aller examiner le sable. C'était du plus fin et du plus beau que l'on pût