218 IMPRESSIONS DE VOYAGE le sait bien, car il le vend en détail à Taganrog et le remplace par ce qu'il peut trouver de plus mauvais en denrée de même espèce. Eh bien, ce beurre, si mauvais qu'il soit, est revendu une seconde fois, et n'arrive pas même au soldat comme il a été acheté à Taganrog. Qu'on juge donc de la joie et de la gaieté des régi- ments qui ont le bonheur d'avoir pour colonel des hom- mes comme le prince Dundukof-Korsakof et le comte Nostitz! Ce soir-là, je couchai dans un lit : il y avait à peu près deux mois que la chose ne m'était arrivée. XIV LA MONTAGNE DE SABLE. - Ce fut encore une tristesse, lorsque, le lendemain Je matin, il fallut se séparer de ces excellents hôtes. ne saurais trop le répéter, l'hospitalité est exercée, en Russie, avec un charme et un abandon que l'on ne ren- contre chez aucun autre peuple. Moynet emportait cinq ou six photographies. J'empor- tais un portrait de Hadji-Mourad vivant. Je savais que je trouverais, à Tiflis, une copie de sa tête coupée. De plus, nos deux colonels m'avaient, en souvenir et au nom des dragons de Nijny-Novgorod, donné un frag- ment du drapeau qu'ils avaient pris au naïb bien-aimé de Schamyl. Nous partions, de plus, avec des chevaux de la cou-