LE CAUCASE 217 venons de dire, la nourriture de quatre ou cinq cents hommes. Au gouvernement de Kalouga, le capitaine acheta un bœuf. Ce bœuf suivait la compagnie. Quand on rencontrait le colonel : Qu'est-ce que ce bœuf-là? demandait-il. - C'est le bœuf destiné à nourrir mes hommes au- jourd'hui, répondait le capitaine. Et le bœuf alla ainsi, du gouvernement de Kalouga jusqu'au gouvernement de Kherson, c'est-à-dire pendant deux mois et demi. Arrivé à Kherson, vous croyez peut-être que le soldat mangea enfin son bœuf? Point: le capitaine le vendit, et, comme le bœuf, tout au contraire du soldat, avait été très-bien nourri tout le long de la route, le capitaine gagna dessus. - En avant de chaque compagnie, à deux ou trois étapes environ, marche un officier, à qui le colonel donne de l'argent pour acheter du bois, de la farine et faire faire le pain. On appelle cet officier klebo-pek, ce qui veut dire faiseur de pain. ― Mon jeune officier fut chargé un jour, un seul, de cet office tout de faveur, et, sans péché, c'est le mot dont on se sert en Russie quand on fait un bénéfice à peu près honnête, il gagna dans sa journée cent roubles (quatre cents francs). - Le gouvernement fait en Sibérie de grands achats de beurre; ce beurre, destiné à l'armée du Caucase, se paye jusqu'à soixante francs les quarante livres. En sortant des mains du marchand, il est excellent; le fournisseur I. 13