LE CAUCASE 211 Restait Hadji-Mourad. Il tue quatre hommes, en blesse seize, brise son sabre contre un arbre et tombe atteint de six blessures. On lui coupa la tête à la place même; à Zakatan, on embauma cette tête, puis on la transporta à Tiflis. J'ai un dessin de cette tête coupée pris sur nature. C'est cet homme dont le portrait se trouve dans le salon du comte Nostitz. Voici à quelle occasion ce portrait fut fait. Poursuivi par les troupes russes, Hadji-Mourad se retranola à Kartma-Tala, sur les bords de la mer Cas- pienne. Il avait huit cents hommes avec lui. On avait, de différents points, acheminé des troupes vers Kartma-Tala, et, entre autres, les dragons de Nijny; deux escadrons l'atteignirent, et, sans attendre l'infan- terie, mirent pied à terre, et, conduits par le major Zolo- toukine, montèrent à l'assaut et attaquèrent la redoute. Sur cent quarante hommes, quatre-vingts tombèrent avant d'atteindre les montagnards; sur sept ofticiers, six. Le major enleva de sa main le drapeau de Hadji- Mourad. Hadji-Mourad se précipita sur lui, et le tua d'un coup de pistolet; mais, en mourant, le major eut le temps de jeter le drapeau aux hommes qui le sui- vaient. - Sur ces entrefaites, l'infanterie arriva. Cinquante dra- gons seulement étaient encore debout, mais le drapeau leur resta. J'ai un morceau de ce drapeau, que m'ont donné le comte Nostitz et le prince Dundukof-Korsakof. Hadji-Mourad, un des naïbs les plus aimés de Schamyl, avait été décoré par lui d'une de ces plaques que l'imam