208 IMPRESSIONS DE VOYAGE Nous vîmes, au milieu des casernes du régiment des dragons de Nijny-Novgorod, un grand bâtiment splen- didement éclairé; nous devinâmes que c'était le loge- ment du prince, et nous nous fimes conduire au perron. Les domestiques vinrent à nous comme si nous étions attendus et, de notre côté, nous descendimes comme si nous étions invités. Au milieu du premier salon, un officier supérieur vint au-devant de nous. Ne connaissant pas le prince, je le pris pour lui et lui adressai mon compliment. Il m'arrêta court; il n'était pas le prince, mais son successeur, le comte Nostitz. Le prince venait d'être nommé général, et le comte Nostitz le remplaçait comme colonel des dragons de Nijny-Novgorod. C'était donc lui qui nous offrait l'hos - pitalité. Le prince était prévenu de notre arrivée et allait venir. Le comte Nostitz n'avait pas achevé, que le prince s'avançait, une main tendue et ouverte. La seconde était en écharpe. Une blessure reçue dans la dernière expédition du prince, contre les Tchetchens, la forçait à l'inaction. C'était bien l'homme que je m'étais figuré, l'œil fier, la bouche souriante, le visage ouvert. Nous entrâmes dans le second salon, tout tendu de magnifiques tapis de Perse, apportés de Tiflis par le comte Nostitz. Le prince était prévenu de notre arrivéc par un cour- rier qui lui avait été expédié de Kasafiourte. La première chose qui attira nos regards, dans le grand