LE CAUCASE 203 rentes, la nation conquérante cât pris le nom de la na- tion conquise. Il en résulta une chose, probablement due à l'auteur que nous venons de citer : c'est que le nom de Mongols prévalut en Asie et que le nom de Tatars prévalut en Europe, quoique, à partir de la défaite des Sou-Mongals ou des Tatars blancs par les Yeka-Mongals, les deux peuples n'en eussent plus fait qu'un. Maintenant, dans sa marche d'orient en occident, de Chine en Perse, Gengis-Khan entraîna tout naturel- lement avec lui les peuples du Turkestan qu'il rencon- tra sur les bords orientaux de la mer Caspienne. Ces peuples, comme une inondation, allèrent se briser à la base de ce gigantesque rocher que l'on appelle le Cau- case, tandis que leur reflux couvrait Astrakan et Kasan d'un côté, Bakou et Linchoran de l'autre, s'écoulant, par deux grands courants, l'un vers la Crimée, l'autre vers l'Arménie. Naturellement, les Turkomans, venant de moins loin, furent les premiers à s'arrêter. Mais les peuples envahis ne firent pas, eux, de diffé- rence entre les envahisseurs : tout fut pour eux Mongol ou Tatar, et, comme la dénomination de Tatar l'avait, pour l'Europe, emporté sur la dénomination de Mongol, tout fut Tatar. Ce furent ces Tatars qui fondèrent, entre le Dniester et l'Emba, le royaume de Kaptchak, qui s'appela la Orde d'or, du mot orda, qui veut dire tente, et dont nous avons fait, par corruption, la Horde d'or. Ce fut ainsi que la langue turque resta prédominante dans tout le Kaptchak, chez les Baskirs et les Tchou- 1. 12