20 IMPRESSIONS DE VOYAGE c'est que les Yeka-Mongals, en anéantissant les Tatars blancs, commencèrent eux-mêmes à prendre le nom des vaincus et à s'appeler Tatars, ou plutôt à être appe- lés Tatars, quoiqu'ils aient toujours repoussé cette dénomination comme celle d'un peuple vaincu. ― - Les Tatars sont inconnus aux auteurs arabes du Xe siècle. Mas'Oudi, qui écrivait, en 950, son Histoire générale des royaumes les plus connus dans les trois par- ties du monde, ne parle ni des Mongols ni des Tatars. Ebn-Haoukal, son contemporain, auteur d'une géo- graphie intitulée: Kitaab Messaalek, n'en parle pas da- vantage. D'Ohsson, dans son Histoire des Mongols, cite un abrégé d'histoire universelle persane où les Tatars sont appelés un peuple célèbre dans tout l'univers. Qu'avaient maintenant de commun les Tatars et les Mongols? C'est ce que le même Duplan de Carpin nous dit en une phrase, et de la façon la plus simple du monde, en commençant son Histoire des Mongals par ces mots : Incipit historia Mongalorum, quos nos Tartaros appel- lamus. C'est-à-dire : « Ici commence l'histoire des Mongals, que nous ap- pelons Tatars. » Cette phrase prouve qu'au milieu du xur siècle, c'est- à-dire à l'époque où écrivait Jean de Carpin, les Mon- gols étaient appelés Tatars, soit que Mongols et Tatars n'aient jamais fait qu'une seule nation, ou plutôt, que deux branches d'une seule nation, comme le prétend Duplan de Carpin; soit que, faisant deux nations diffé-