198 IMPRESSIONS DE VOYAGE Il me répondit qu'il était vendu. Nous continuâmes notre tournée jusqu'au moment où l'on vint nous dire que le diner nous attendait. Nous revinmes à la maison. Quatre couverts seulement étaient mis: celui du lieu- tenant-colonel Cogniard et les nôtres. Ali-Sultan, son fils, et les nobles de sa cour se te- naient debout autour de la table, tandis que les pages nous servaient. Il me serait difficile de dire ce que nous mangeâmes. Les objets primitifs destinés à la nourriture de l'homme subissent de telles transformations dans la cuisine ta- tare, que le plus prudent, quand on a faim, est de man- ger sans s'inquiéter de ce que l'on mange. - -- Cependant, je crois, je n'affirme pas je crois que nous mangeâmes une soupe composée d'une poule et de ses œufs. Puis vinrent des côtelettes au miel. Puis des gelinottes aux confitures, des pommes, des poires, du raisin, du lait caillé, du fromage, un plat qu'à une arête avec laquelle je faillis m'étrangler, je reconnus pour un plat de poisson, complétèrent le diner. Le diner terminé, il était deux heures; nous nous levâmes et voulûmes prendre congé du prince; mais lui nous dit fort gracieusement qu'il ne se croyait pas quitte de ce qu'il nous devait, pour être venu au-devant de nous, et nous avoir reçus chez lui. Il lui restait à nous reconduire. En effet, les chevaux étaient restés sellés. Le prince, son fils, le colonel Kouban, les pages, les fauconniers,