LE CAUCASE 197 et à des cordes horizontales, et fait un charmant effet avec ses épis dorés. L'aoul d'Andref est surtout renommé pour ses armu- riers. Ils font des kandjars. Les lames forgées par eux, et qui portent un chiffre particulier, ont une réputation par tout le Caucase. Lorsqu'on en appuie le tranchant sur un kopek, elles lui font, par la simple pression, une incision assez profonde pour qu'en levant la lame, elle enlève avec elle la pièce de monnaie. Seulement, jamais les ouvriers du Caucase n'ont rien en magasin, excepté la chose qu'ils fabriquent spéciale. ment. Ainsi, les armuriers ont des lames, mais n'ont pas de poignées; les monteurs ont des poignées, mais n'ont pas de lames. Il faut acheter la lame chez un premier ouvrier, la faire monter chez un second, et la porter chez un troi- sième pour qu'il lui confectionne un fourreau. Le rêve de nos ouvriers en 1848 est réalisé. Là, pas d'intermédiaires. Il en résulte que jamais l'étranger qui passe ne peut rien acheter. Il faut qu'il commande, et attende que sa commande soit exécutée. Il y a plus: s'il commande des objets qui nécessitent une avance de fonds, cette avance de fonds, il doit la faire. L'ouvrier tatar est censé ne pas posséder un kopek. --- Nous visitâmes quatre ou cinq armuriers. - Un seul avait un poignard monté en argent, émaillé de bleu et d'or; je lui en demandai le prix, - quoique, trouvant la monture de mauvais goût, je n'eusse pas grande envie de l'acheter