196 IMPRESSIONS DE VOYAGE La salle de réception était une pièce beaucoup plus longue que large. A gauche, dans des niches pratiquées à cette intention, étaient roulés, à la suite les uns des autres, six lits complets: matelas, lits de plumes et cou- vertures; toutes choses que nous n'avions pas vues de- puis longtemps! A la muraille étaient suspendues des armes. Enfin, dans le compartiment en retour faisant face à la porte opposée, étaient deux grandes glaces surmontées d'étagères chargées de porcelaines. L'intervalle entre les deux miroirs était tendu de drap d'or. L'aoul porte le nom européen d'Andref. C'est celui dont nous avons parlé à propos de Tchervelone. Le prince, en attendant qu'on nous servît le diner, nous offrit de nous faire visiter l'aoul. Nous acceptâmes. Nous sortîmes donc, conduits par le prince et son fils. A part la maison du prince, toutes les maisons n'ont qu'un rez-de-chaussée surmonté d'une terrasse. Cette terrasse est, en général, aussi peuplée que la rue; c'est la propriété, c'est le domaine, c'est surtout la prome- nade des femmes. Elles se tiennent là avec leurs grands voiles à carreaux, et regardent les passants par l'ou- verture que, pareille à une meurtrière, elles ménagent à leurs yeux. Puis la terrasse sert encore à d'autres usages. C'est sur la terrasse, souvent, que l'on amasse la pro- vision de foin pour le bétail; c'est toujours sur la ter- rasse que l'on vanne le maïs : ce maïs est suspendu en guirlandes devant les maisons, à des perches verticales 1