LE CAUCASE 195 et le sommet du nez seulement, je le répète, ils sont merveilleux. Les enfants aussi sont très-beaux sous leurs immenses papaks et avec le grand couteau qu'on leur attache au côté dès qu'ils peuvent marcher seuls. Souvent nous nous sommes arrêtés devant des groupes de bons- hommes de sept à douze ans, jouant aux osselets ou à quelque autre jeu, et nous demeurions vraiment en admiration. Quelle différence avec les Tatars des steppes! Il est vrai que les Tatars des steppes pourraient bien être des Mongols et les Tatars du pied du Caucase des Turkomans. Je laisse la chose à décider aux savants; par malheur, les savants décident toujours du fond de leur cabinet et viennent rarement examiner la question sur le lieu même où elle est posée. Nous entrâmes dans l'aoul du prince Ali. Là, comme toujours, la beauté de la race nous frappa. Ce qui nous frappa aussi, ce fut l'acharnement des chiens contre nous. On eût dit que ces damnés qua- drupèdes nous reconnaissaient pour des chrétiens. Une autre chose nous frappa encore: ce sont les têtes des chevaux réduits à l'état de squelette et posées sur les haies pour effrayer les oiseaux. Nous arrivâmes au palais du prince. C'est une mai- son fortifiée. Il avait pris les devants et nous attendait au seuil. Là, il nous détacha lui-même nos armes, ce qui vou- lait dire « Du moment que vous êtes chez moi, c'est moi qui réponds de vous. »