194 IMPRESSIONS DE VOYAGE le colonel Kouban avait défendue à l'âge de douze ans et qui n'est autre que cette citadelle de Sainte-Croix élevée par Pierre Ier dans son voyage au Caucase. Nous commençâmes une rapide descente le long de la falaise. Le paysage, vu ainsi d'une montagne à l'autre, sc présentait sous un admirable point de vue. Nous nous arrêtâmes un instant pour que Moynet pût en faire un croquis. Pendant ce temps, notre escorte offrait l'aspect le plus pittoresque. Des cavaliers descendaient deux à deux, d'autres par groupes; d'autres traversaient la rivière à gué et laissaient leurs chevaux s'y désaltérer; l'avant-garde montait déjà la côte opposée. Le dessin fini, nous nous remîmes en route, nous traversâmes la rivière à notre tour et nous gravîmes le rapide chemin qui mène à l'aoul. A l'entrée du village, le commandant de la forteresse nous attendait. C'était le premier aoul vraiment tatar dans lequel nous entrions. Rien de plus beau que ces populations qui avoisinent les montagnes. Mongols de race, c'est-à-dire primitive- ment laids, tous les immigrants qui ont approché du Caucase se sont mêlées à la population indigène et ont, avec les femmes, reçu pour dot la beauté. Les yeux, surtout, sont merveilleux; chez les femmes, dont, la plupart du temps, on ne voit que les yeux, ces yeux sont deux lumières, deux étoiles, deux dia- mants noirs. Peut-être, si l'on voyait le reste du visage, les yeux y perdraient-ils; mais, vus avec le bas du front