LE CAUCASE 189 XI LE PRINCE ALI Le lendemain, à onze heures, comme la chose avait éte arrêtée la veille, le lieutenant-colonel Cogniard vint nous prendre. Moynet avait employé la matinée à faire un dessin ae Bageniok, qui, pendant la première demi-heure, avait posé comme un marbre, mais qui, tout à coup, s'était mis à trembler la fièvre en déclarant que, malgré sa bonne volonté, il lui était impossible de se tenir debout. Il avait attrapé un refroidissement. Nous lui avions fait boire un verre de vodka; nous lui avions donné une dernière poignée de main et l'a- vions envoyé se coucher. Pendant qu'il posait, je lui avais fait demander par Kalino des détails sur son affaire de la veille. En effet, j'avais bien saisi l'ensemble, mais les détails m'avaient échappé. Voici comment les choses s'étaient passées : Dès qu'il avait aperçu le Tchetchen, Bageniok avait couru ou plutôt s'était glissé à l'endroit où il avait pré- sumé que cet homme passerait la rivière. Bageniok avait parfaitement vu qu'il traînait derrière lui une femme attachée par un licou à la queue de son cheval. Il avait calculé alors que, s'il tuait l'homme d'abord, le 44.