186 IMPRESSIONS DE VOYAGE Tout à coup, il releva la tête, tendit le cou vers la rive opposée, aspira l'air, jeta une espèce de cri d'alarme. ct se rejeta dans la montagne. Je connaissais trop les habitudes des animaux sau- vages pour ne pas comprendre que toute cette panto- mime de mon cerf indiquait que, de l'autre côté de la rivière, il se passait quelque chose d'insolite. Je me retournai vers Bageniok. - Smirno, me dit-il. Je n'avais pas compris la parole, mais je compris le geste. Il me disait de ne pas bouger, et de m'effacer le plus possible contre terre. Je lui obéis. Lui se glissa comme un serpent le long de la rive du fleuve, continuant de le descendre, et, par conséquent, s'éloignant de moi. Tant que je pus, je le suivis des yeux. Quand je l'eus perdu de vue, mon regard se reporta naturellement de l'autre côté de l'Axaï. Alors, en même temps qu'il me semblait entendre le galop d'un cheval, je distinguai dans l'obscurité un groupe plus compacte que ne l'eût été celui d'un simple cavalier. Le groupe se rapprochait, sans devenir plus explicable. Ce que je compris, au battement de mon cœur plus encore que par le témoignage de mes yeux, c'est qu'un cuncmi était devant nous. Je regardai du côté d'Ignacief: personne ne bougeait. On eût dit que la rive du fleuve était déserte. Je regardai du côté de Bageniok: il avait disparu de- puis longtemps. <