182 IMPRESSIONS DE VOYAGE Nous continuâmes de marcher dix minutes encore, à peu près. Puis, presque à pied sec, nous passâmes l'Yarak-Sou, et suivîmes, à travers des buissons épineux, la pente de la montagne, jusqu'à une seconde rivière aussi desséchée que la première; nous la franchîmes sans difficulté et nous nous engageâmes dans une espèce de chemin frayé par les pâtres, lequel nous conduisit, cette fois, près d'une troisième rivière, plus large et évidemment plus profonde que les deux autres. C'était l'Axaï, un des affluents du Terek. L'autre que nous venions de traverser presque à sa source était l'Yaman-Sou. Avant que je me fusse rendu compte à moi-même de la façon dont nous allions traverser la rivière, Bageniok m'avait fait signe de monter sur ses épaules. La même invitation était faite à mes deux compa- gnons par Ignaciet et Michaëlouk. Nous nous fimes prier juste ce qu'il fallait pour ne pas être indiscrets, et nous entourchâmes nos mon- tures. Les chasseurs avaient de l'eau jusqu'au-dessus du genou. Ils nous déposèrent sur l'autre rive. Puis, en silence, Bageniok reprit sa route en desccn- dant le cours de la rivière, cette fois, et en suivant la rive gauche de l'Axaï. Je ne devinais pas bien le but de la manœuvre. Mais je me taisais, comprenant la nécessité du silence et me réservant de demander une explication plus tard. A mesure que nous descendions, l'Axaï devenait plus large, et sans doute aussi plus profond.