LE CAUCASE 175 C'étaient de jeunes officiers faits soldats à la suite de condamnations politiques. Aux yeux de leurs camarades, ils ne perdent absolument rien par cette dégradation, et, par une délicatesse de cœur que devrait admirer, mais que se contente de tolérer, je crois, le gouverne- ment russe, ils jouissent au Caucase de la position so- ciale dont ils sont privés à Moscou et à Saint-Pétersbourg. En nous retirant, nous demandâmes au lieutenant- colonel la permission d'emmener chez nous Bageniok, Ignacief et Michaëlouk; ce qui nous fut accordé, à la condition qu'ils seraient libres à minuit. Il y avait un secret d'arrangé pour la nuit. C'est ainsi que l'on nomme une expédition nocturne contre les voleurs d'hommes, de femmes et d'enfants. Nous promîmes à nos trois Kabardiens de leur rendre la liberté à l'heure à laquelle ils la réclameraient; ils échangèrent quelques mots tout bas avec leurs cama- rades et nous regagnâmes notre domicile, où nous savions être attendus. par notre hôtesse, qui prenait, comme actrice, à la danse, autant de plaisir qu'elle nous en donnait comme spectateurs. X LE SECRET Au nombre des trois Kabardiens que nous ramenions avec nous, était non-seulement un danseur remarquable, mais encore un musicien distingué.