170 IMPRESSIONS DE VOYAGE Quant aux Circassiennes, peut-être leur réputation de beauté, trop vantée, leur nuit-elle, surtout au premier aspect. Il est vrai que nous avons vu les Circassiennes de la plaine, et non les Circassiennes de la montagne. Il est probable que la beauté primitive des femmes s'abâ- tardit en descendant vers la plaine. Pour juger, d'ail- leurs, pour apprécier, pour affirmer, il faudrait avoir pu étudier la beauté des femmes de la Circassie, comme l'ont fait certains voyageurs, et comme paraît l'avoir fait Jean Struis, auquel on peut d'autant plus se fier, ce me semble, qu'il appartient à une nation qui ne s'é- chauffe pas facilement. Jean Struis, comme l'indique son nom, est Hollandais. Nous citerons ce qu'il dit des Circassiennes. Il est moins difficile et surtout moins embarrassant parfois de citer que d'écrire. « Les femmes du Caucase, dit Jean Struis, ont toutes de l'agrément et je ne sais quoi qui les fait aimer. Elles sont belles et fort blanches, et cette blancheur est mêlée d'un si beau coloris, que ce n'est que lis et roses aux endroits où il faut qu'ils soient pour faire une beauté parfaite. Leur front est grand et uni, et, sans le secours de l'art, elles ont si peu de sourcils, qu'on dirait que ce n'est qu'un fil de soie recourbé. Elles ont les yeux grands, doux et pleins de feu; le nez bien tourné, les lèvres vermeilles, la bouche riante et petite, le menton tel qu'il doit être pour achever un ovale parfait. Le cou et la gorge ont la blancheur et l'embonpoint que demandent les connaisseurs dans une beauté achevée, et sur un dos plein et blanc comme neige tombent de longs cheveux de la couleur du plus beau jais, tantôt