LE CAUCASE 167 gendes. Le lieutenant-colonel Cogniard, d'origine fran- çaise, comme l'indique son nom, est un homme d'un esprit fort distingué, très-observateur, parlant francais comme s'il avait habité toute sa vie à Paris. Le diner passa donc aussi rapidement que passaient ces fameux diners de Scarron où la conversation de sa femme était chargée de faire oublier le rôti. C'était à huit heures que nous devions nous trouver au club, avec les officiers du régiment de Kabardah. Le diner avait fini à six heures vingt minutes. Nous de- mandames au lieutenant-colonel la permission d'acquit- ter la promesse que nous avions faite à notre hôtesse, de venir passer une heure avec elle, heure qu'elle avait promis, de son côté, d'employer à nous faire faire. connaissance avec la danse tcherkesse ou la danse lesghienne. - La permission obtenue, nous fûmes en un instant de retour à notre domicile. Nos trois dîneurs en étaient au dessert. La belle Léila était en grand costume: elle portait sur la tête une petite calotte brodée d'or, avec un long voile de gaze tombant jusqu'aux hanches; une longue robe de satin noir soutachée d'cr; par-dessus cette robe, dont les manches ouvertes dépassaient de beaucoup la main, elle portait une petite tunique de soie blanche et rose serrant les bras, serrant la taille, serrant ou, plutôt, dessinant les formes inférieures et tombant jusqu'aux genoux. La taille était marquée par une ceinture d'ar- gent soutenant un petit poignard recourbé, en ivoire incrusté d'or, dont le fourreau servait en même temps d'étui à un petit couteau fort élégant. Enfin, cette toi-