160 IMPRESSIONS DE VOYAGE Seulement, un des petits garçons prisonniers mordit si cruellement la main de l'homme qui l'enlevait, que le Tatar le làcha. Une fois à terre, l'enfant ramasse des pierres et se défend. Le Tatar lance son cheval sur lui, mais l'enfant glisse comme un serpent entre ses jambes. Le Tatar lui tire un coup de pistolet et le manque. L'enfant, plus adroit, l'atteint d'une pierre au milieu du visage. Les tirailleurs approchaient. Le Tatar vit qu'il pou- vait lui arriver malheur, s'il s'obstinait. Il tourna bride, abandonnant l'enfant, qui fut recueilli par les tirailleurs. Les trois autres sont encore prisonniers; les monta- gnards ont d'abord demandé mille roubles pour eux trois; c'étaient des enfants de soldats: il n'y avait pas moyen de trouver mille roubles. Il est défendu de racheter les prisonniers avec l'ar- gent de l'État. Mais les dames de Kasafiourte quêtèrent. La quête produisit cent cinquante roubles. On offrit les cent cin- quante roubles aux montagnards, qui sont déjà descen- dus à trois cents. Le lieutenant-colonel a la certitude qu'ils finiront par accepter. Dans ces sortes de négociations, c'est d'habitude un Tatar de la ville qui sert d'intermédiaire. Celui du co- lonel Cogniard s'appelle Zalavat. Chacun a ses espions; seulement, de part et d'autre, les espions pris et reconnus sont fusillés. Dernièrement, un des espions du colonel fut pris; on