LE CAUCASE 153 VII LES OREILLES TATARES ET LES GUEULES DE LOUP Revenons à notre pont. Grâce à notre escorte, nous le franchimes sans diffi- culté, et il ne nous arrêta que le temps nécessaire à Moynet pour en faire un dessin. Pendant ce temps, nos Cosaques nous attendaient sur son point culminant, et faisaient un excellent effet en se détachant en vigueur sur les cimes neigeuses du Cau- case, qui formaient le fond du tableau. Ce pont est d'une hardiesse merveilleuse. Il s'élève non-seulement au-dessus du fleuve, mais encore au- dessus de ses deux rives, à une hauteur de plus de dix mètres. C'est une précaution contre la crue des eaux. En mai, juin et août, tous les fleuves débordent, et changent les plaines en lacs immenses. Pendant ces inondations, les montagnards descendent rarement dans la plaine; quelques-uns, cependant, plus hardis que les autres, n'interrompent pas leurs excur- sions. Alors, ils passent, hommes et chevaux, le fleuve dé- bordé sur des outres. L'outre qui soutient le cheval con- tient les sabres, les pistolets et les poignards. Le fusil, que le montagnard ne quitte jamais, est porté par lui, en nageant, au-dessus de sa tête. C'est l'époque la plus dangereuse pour les prisonniers : 9.