LE CAUCASE 151 vingt roubles et dont la monture en argent n'en valait que quatre ou cinq. J'ai une schaska, échange que j'ai fait pour des revol- vers avec Mohammed-Khan, dont la lame, dans le pays même, était estimée quatre-vingts roubles, c'est-à-dire plus de trois cents francs. Le prince Tarkanof m'a fait cadeau d'un fusil dont le canon seul, sans sa monture, vaut cent roubles, deux fois plus qu'un canon à deux coups de Bernard. Quelques montagnards ont des lames d'épée droite, qui viennent des croisés. Les uns portent encore la cotte de mailles, la targe et le casque du xi° siècle; d'autres ont encore sur la poitrine la croix rouge, avec laquelle - chose qu'ils ignorent complétement leurs ancêtres ont pris Jérusalem et Constantinople. Ces lames font feu comme un briquet, coupent la barbe comme un ra- soir. - Mais l'objet pour lequel le montagnard ne néglige rien, c'est son cheval. En effet, le cheval du montagnard est son arme offensive et défensive la plus importante. Si déchiquetée qu'elle soit, la toilette du montagnard est toujours, sinon élégante, du moins pittoresque. Elle se compose du papak noir ou blanc, de la tcherkesse avec la double cartouchière sur la poitrine, du pantalon large, serré, à partir du genou, dans des guêtres étroites et de deux couleurs, de bottes rouges ou jaunes avec des babouches de même couleur, et d'une bourka, espèce de manteau, à l'épreuve non-seulement de la pluie, mais encore de la balle. Quelques-uns poussent la recherche jusqu'à faire venir de Linchoran des bourkas en plumes de pélican,