150 IMPRESSIONS DE VOYAGE vitch, que l'on appelait le régiment des petits comtes, il resta de quoi en reformer un, encore lui manquait-il une centaine d'hommes. drapeau russe flottait sur Akoulgo, mais Schamvl n'était pas pris. On chercha parmi les cadavres, Schamyl n'était pas mort. Des espions assurèrent qu'il s'était réfugié dans une caverne qu'ils indiquèrent; on fouilla la caverne, Scha- myl n'y était pas. Par où avait-il fui? comment avait-il disparu? quel aigle l'avait enlevé dans les nuages? quel gnome lui avait ouvert un chemin à travers les entrailles de la terre? Nul ne le sut jamais; mais, comme par miracle, il se retrouva à la tête des Avares, à la tête de ses plus fidèles naïbs, et plus que jamais les Russes entendirent répéter autour d'eux : - Allah n'a que deux prophètes : le premier se nomme Mahomet; le second, Schamyl. Inutile de dire que les peuplades du Caucase poussent à peu près toutes la bravoure jusqu'à la témérité. Aussi, dans cette vie de luttes éternelles, la seule dépense du montagnard est-elle pour ses armes. Tel Tchetchen, Lesghien ou Tcherkesse qui a se vêtements en lambeaux, a un fusil, une schaska, un kandjar et un pistolet qui valent deux ou trois cents roubles. Aussi, canons de fusil, lames de poignard et de schaska portent-ils soigneusement le nom ou le chiffre de leur fabricant. On m'a donné des poignards dont la lame de fer valait