LE CAUCASE 147 qui ne semblent élevées que pour servir de but au canon. Il avait choisi pour sa résidence l'aoul d'Akoulgo, situé sur un pic isolé, entouré d'abîmes à donner le vertige, et dominé seulement par des rochers dont on regardait l'ascension comme impossible. Sur ce pic isolé, des ingénieurs polonais, qui étaient allés poursuivre au Caucase la guerre de Varsovie, avaient établi un système de fortifications que ni Vau- ban ni Haxo n'eussent désavoué. Akoulgo contenait, en outre, une grande quantité de vivres et de munitions. Le général Grabbé résolut, en 1839, d'aller attaquer Schamyl jusque dans cette aire d'aigle. On regardait la chose comme impossible. Il fit alors ce que font les médecins aventureux dans les cas déses- pérés. Il prit la responsabilité. -- Il jura par son nom et Grabbé veut dire tombeau - qu'il prendrait Schamyl mort ou vif. Puis il partit. - Schamyl fut instruit par ses espions de la marche de l'armée russe. Il ordonna aux Tchetchens de la harceler tout le long du chemin; au commandant d'Arguani, de la retenir le plus longtemps possible devant ses mu- railles, et aux chefs des Avares, sur lesquels il croyait pouvoir compter le plus sûrement, de disputer pied à pied le passage du Koassou. Lui attendrait, dans sa forteresse d'Akoulgo, l'ennemi, qui ne viendrait probablement point jusque-là. Schamyl se trompait. Les Tchetchens retardèrent à peine l'armée d'une marche. Arguani lui fit perdre deux