142 IMPRESSIONS DE VOYAGE hors de combat et l'on fit une nouvelle distribution. Par un miracle, le colonel Schouslof et le major Kampkof n'avaient ni l'un ni l'autre aucune blessure. Les Tchetchens en étaient arrivés à la rage, de ne pouvoir entamer, fusiller, exterminer cette poignée d'hommes. Ils s'avançaient jusque sur ce rempart de chair, et, saisissant les chevaux par la bride, essayaient de bri- ser un anneau de la chaîne vivante et invincible qu'ils formaient. Un ouradnik, nommé Vioulkof, coupa le bras d'un Tchetchen avec sa schaska. - Le colonel Schouslof, réduit à la sienne pour toute arme, défendait, non pas lui, - lui s'était complétement oublié, mais son cheval, qu'il aimait beaucoup. L'ani- mal avait reçu sept balles. Le colonel lui soutenait la tête dans sa main gauche, et frappait de la droite avec sa Orrible schaska tout ce qui approchait de lui. - - une Il est vrai que c'était une lame merveilleuse, de ces lames apportées au xvIe siècle, par les Vénitiens, au Caucase (1). Le colonel, sur ses quatre-vingt-quatorze Cosaques, avait cinq hommes tués et soixante-quatre blessés, qui se pansaient eux-mêmes avec leurs chemises déchirées, et qui, tant qu'ils pouvaient continuer le feu, restaient debout. (1) Le général Schouslof m'a donné cette schaska historique, je dirai où, comment, à quelle occasion; sans connaître l'im- mense valeur qu'elle avait pour moi, un amateur d'armes, en la voyant entre mes mains, l'estimait deux cents roubles.