LE CAUCASE 141 côtés. Mais, de la part des Tchetchens, elle était peu meurtrière, les chevaux des assiégés formant rempart. Au bout d'une heure et demie, vingt chevaux seul>- ment restaient debout. Le cercle s'était resserré, et les hommes enfermés dans le cercle continuaient à tirer. Les Tchetchens alors se glissèrent en rampant jus- qu'à vingt ou vingt-cinq pas des Cosaques, et visèrent aux jambes des hommes, entre les jambes des chevaux. Ce fut alors que l'aide de camp Fidiouskine reçut une balle qui lui cassa la cuisse. Schouslof vit, au mouvement que lui fit faire la dou- leur, qu'il était touché. - - Tu es blessé ? lui dit-il. — Oui, j'ai la cuisse cassée, répond celui-ci. - N'importe, réplique le colonel, accroche-toi à moi, accroche-toi à ton cheval, accroche-toi à qui ou à quoi tu pourras, mais ne tombe pas: on te sait un des plus braves de nous tous; en te voyant tomber, on te croi- rait tué, et cela démoraliserait nos hommes. - Soyez tranquille, repartit le blessé, je ne tomberai pas. Et, en effet, il resta debout. Seulement, ce fut en lui-même qu'il trouva son point d'appui : le courage. Dès le commencement du combat, le colonel Schouslof avait reçu une balle dans son fusil. L'arme, brisée entre ses mains, lui était devenue inutile. Au bout de deux heures de combat, il ne restait plus en moyenne que deux cartouches à chaque survivant, et quarante que le colonel avait forcément économisées. On prit les cartouches des morts et des blessés.