LE CAUCASE 139 I 5, ? Le lieutenant-colonel passa le bac, avec quatre-vingt- quatorze hommes, dont sept officiers, parmi lesquels son aide-de-camp Fidiouskine et le major Kampkof, son frère d'armes. Ce qui avait surtout déterminé le lieutenant-colonel a opérer son passage, c'est qu'il avait entendu des coups de canon tirés de Kourinsky, et qu'il avait pensé que les coups de canon étaient tirés par les deux bataillons d'infanterie et les deux pièces d'artillerie annoncées. Le lieutenant-colonel Schouslof, quoique la canonnade eût cessé, s'était donc mis à la poursuite de quinze cents Tchetchens avec ses quatre-vingt-quatorze Cosaques. Cependant, comme on n'entendait plus le canon, qu'on ne distinguait plus la fumée, il envoya vingt-cinq hommes sur un mamelon dominant la plaine, pour cher de découvrir ce qui se passait à l'horizon. tâ- Les Tchetchens, en voyant les vingt-cinq éclaireurs dominer la petite éminence, envoient quatre-vingts hommes qui les culbutent et les ramènent, avec l'officier qui les commandait, au corps principal. Ce fut alors que les Tchetchens qui poursuivaient les vingt-cinq Cosaques virent à quel petit nombre d'enne- mis ils avaient affaire, et rapportèrent cette nouvelle à leurs compagnons. On résolut d'avaler cette bouchée d'hommes, et le commandant des Tchetchens ordonna de faire volte-face, et de débarrasser la plaine de ces imprudents ou de ces curieux. Le lieutenant-colonel Schouslof vit venir à lui tout ce gros d'ennemis. Il rassembla à l'instant même son petit conseil de