LE CAUCASE 137 au milieu des squelettes des chevaux et des chameaux, et, comme la tête, ce signe caractéristique de la race ani- male pensante, a été emportée par le meurtrier, ce n'est qu'après un examen qu'il est toujours dangereux de prolonger, que l'on reconnaît à quels débris on a affaire. Non que les montagnards ne fassent pas de pri- sonniers; au contraire, c'est là leur grande spéculation, leur principal commerce : les schaskas kabardiennes, les bourkas tcherkesses, les kandjars tchetchens et les draps lesghiens ne sont que des industries tout à fait secondaires. On garde les prisonniers jusqu'à ce que leurs familles aient payé rançon. S'ils se lassent, s'ils essayent de se sauver, alors les montagnards ont un moyen à peu près sûr pour empêcher que la tentative ne se renouvelle. Ils fendent la plante des pieds du prisonnier avec un rasoir, et dans chaque blessure introduisent du crin haché. Lorsque la famille du prisonnier refuse de payer ran- çon ou n'est pas assez riche pour satisfaire aux exi- gences des montagnards, les prisonniers sont envoyés au marché de Trébisonde et vendus comme esclaves. Aussi, de part et d'autre, des actions d'un héroïsme merveilleux ressortent-elles de cette guerre à mort. Dans toutes les stations de poste, on trouve une gravure représentant un fait d'armes devenu aussi po- pulaire en Russie que notre défense de Mazagran l'est en France. Cette gravure représente un colonel se défendant, avec une centaine d'hommes, derrière un rempart de che- vaux tués, contre quinze cents montagnards. 8.