134 IMPRESSIONS DE VOYAGE Je pris congé de lui, de sa femme et de l'enfant, vec une véritable reconnaissance. L'hospitalité russe, au lieu de se démentir, semblait devenir plus large et plus prévenante, au fur et à mesure que je m'approchais du Caucase. Le colonel s'informa si nous étions armés, si nos armes étaient en bon état, fit de sa bouche un petit discours à notre escorte, et nous partîmes, nos cinq Cosaques du Don faisant avant-garde, et nos dix Cosaques de la ligne galopant aux côtés de nos voitures. Nos deux hiemchiks nous regardaient partir d'un air consterné. Ils étaient revenus proposer de nous con- duire pour dix-huit roubles et même pour seize; mais Kalino leur avait répété en excellent russe ce que je leur avais déjà dit en mauvais, et il se l'étaient, cette fois, tenu pour dit et bien dit. Ils s'étaient alors rabattus sur notre jeune officier de Derbend, avec lequel ils avaient d'abord fait prix à douze roubles, puis qu'ils n'avaient plus voulu conduire que pour dix-huit; enfin, craignant qu'il ne leur échappât, comme nous, ils en étaient revenus à la somme primi- tive. - Il en résulta que notre jeune officier, après avoir fait prendre à sa kibitka la place intermédiaire qui lui était destinée entre la tarantasse et la télègue, — était monté avec Kalino sur la banquette de devant de notre taran- tasse, et que notre escorte s'était augmentée, non-seule- ment d'un brave officier, mais aussi d'un bon compa- gnon. Sans compter le cuisinier arménien qui faisait si bien le schislik.