LE CAUCASE 127 intéressée à son sort. Libre sur parole et sur la caution du frère de la montagnarde, il était devenu amoureux de sa libératrice, qui, de son côté, l'avait complétement payé de retour. Un jour, à son grand regret, le Cosaque apprit qu'à la suite de négociations entamées entre les montagnards et les Russes, il allait, ainsi que ses com- pagnons, être échangé; cette nouvelle, qui combla de joie les autres prisonniers, le désola. Il n'en revint pas moins à la stanitza et rentra dans la maison conjugale. Mais, poursuivi par le souvenir de la belle maîtresse qu'il avait laissée dans les montagnes, il ne put se re- faire à la vie de la plaine. Un jour, il quitta Tchervelone, regagna la montagne, se fit musulman, épousa sa belle Tchetchène, et bientôt devint célèbre par la hardiesse de ses expéditions et la férocité de ses brigandages. Un jour, il s'engagea, vis-à-vis de ses nouveaux com. pagnons, à leur livrer Tchervelone, la stanitza vierge qui, comme Péronne, n'avait jamais été prise. En conséquence, il pénétra à travers les haies, après avoir fait la promesse à ses compagnons de leur livrer une des portes de la stanitza. Une fois dans la stanitza, il eut la curiosité de savoir ce qui se passait chez lui; il s'achemina vers sa maison, sauta par-dessus un mur et se trouva dans sa cour. Là, il se hissa jusqu'à la fenêtre de la chambre à cou- cher de sa femme, qu'il vit à genoux et priant Dieu. Ce spectacle l'impressionna tellement, qu'il tomba à genoux lui-même et se mit à prier. Sa prière faite, il se sentit pris d'un tel remords, qu'il rentra dans la maison.