124 IMPRESSIONS DE VOYAGE Les Tchetchens furent obligés de lever le siége et de rentrer dans leurs montagnes, ayant fait, comme disent les chasseurs, buisson creux. Tchervelone est la plus ancienne stanitza de la ligne des Cosaques Grebenskoï, c'est-à-dire de la crête; ils proviennent d'une colonie russe dont l'origine n'est pas historiquement déterminée; une légende dit que, lorsque Yermak partit pour la conquête de la Sibérie, un de ses lieutenants se détacha avec quelques hommes et fonda le village d'Andref, du nom d'André qu'il portait. Ce qu'il y a de certain, c'est que, quand Pierre Ier voulut établir la première ligne de stanitzas, le comte Apraxine, chargé par lui de cette mission, trouva dans le pays un certain nombre de compatriotes qu'il établit à Tchervelonaïa, nom dont, en le francisant, nous avons fait Tchervelone. Il résulte de ces antécédents que la stanitza de Tcher- velone conserve des actes et des drapeaux curieux. Quant aux hommes, ce sont presque tous des roskol- nickis fanatiques, qui ont gardé le type des anciens Russes. Revenons aux femmes. Les Tchervelonaises forment une spécialité qui tient à la fois de la race russe et de la race montagnarde. Leur beauté fait de la stanitza qu'elles habitent une espèce de Capoue caucasienne; elles ont le type du visage mosco- vite, mais la structure élégante des femmes des hautes terres, comme on dit en Ecosse. Quand les Cosaques leurs pères, leurs maris, leurs frères ou leurs amoureux partent pour une expédition, elles s'élancent debout sur un étrier que le cavalier laisse libre, et, prenant le ca- valier par le cou ou par la taille, tenant à la main des bouteilles de vin du pays, dont elles leur versent à boire